• Un sympathique petit guide de la Sainte Barbe !

    Un sympathique petit guide de la Sainte Barbe !

    Aujourd'hui, je vais consacrer un petit guide de la fête de Sainte Barbe ou plutôt Sainte Barbara – c'est tout le problème quand on francise des noms, ils deviennent ironiques malgré eux –, tel que je le ferai pour la Saint Nicolas et la Sainte Lucie, les grandes fêtes du temps de l'Avent qui vient de commencer. Vous devinez qu'étant originaire du Nord de la France, je n'allais donc pas manquer d'en parler. Je vais vous donnez quelques idées qui pourraient vous inspirer pour rendre cette journée plus festive et émerveiller votre famille et vos proches, d’autant que de nombreuses festivités sont organisés le jour de Sainte Barbara (nom que lui donne nos voisins anglo-saxons) par les professions du feu et des souterrains (sapeurs pompiers, mineurs, ouvriers et ingénieurs des travaux souterrains, carriers, géologues, artificiers et artilleurs, etc.), dont le patronage de la sainte, relança son culte en Occident au XVe siècle.

    Un sympathique petit guide de la Sainte Barbe !Cette journée, comme toutes celles, des fêtes de l'Avent, sera riche. N'hésitez pas  d'abord à vous réappropriez les coutumes du lieu d'origine du culte de sainte Barbara, le Liban, plus festive et familiale que celles célébrées en France. Son culte y est effet attesté dès le VIIe siècle car le théologien syriaque et Père de l'Église, Jean Damascène, lui ayant consacré un Éloge vers les années 720-740, le connaissait déjà à Héliopolis (Baalbek), lieu présupposé de son martyre sous la persécution de Dioclétien (303-313) durant son enfance, celui-ci étant né vers 676. D'ailleurs, il mourra le jour même de la Sainte Barbe en 749 au monastère de Mar Saba. Vous devrez donc vous être préparé un minimum ainsi que vos proches et votre famille. Cela pourra aussi amuser vos voisins qui peut-être auront envie de vous prêter main forte.

     

    L'Avent, au Liban, commence la veille de la Sainte Barbe, d'ailleurs comme en Provence, en Occitanie ou au Languedoc, où la fête démarre les calendes de Noël. Vous verrez plus loin que le Sud de la France est probablement la partie du territoire qui a gardé les plus anciennes traditions de la fête avant sa récupération par les professions cités plus haut. Donc assurait-vous que le sapin et la crèche soient prêts pour le 3 décembre.

    La nuit de ce même jour, vous encouragerez vos enfants ou vos jeunes amis à se déguiser. Ce n'est pas tous les jours qu'en dehors de la Saint Nicolas qu'on peut s'amuser. Au Liban, en Syrie et dans le Moyen-Orient, où le culte de Barbara est fort prisé, cette célébration ressemble beaucoup à celle d'Halloween ou du Carnaval du fait de la tenue étrange qu'y portent les enfants et les jeunes. En effet, si vous aimez respecter les coutumes locales, faites leur plutôt porter des masques et barbouiller leur visage de suie, et une tunique romaine, voir un drap s'il faut improviser, cela fera parfaitement l'affaire. Un sympathique petit guide de la Sainte Barbe !Même si depuis quelques années malheureusement au Liban, c'est devenu un Halloween bis, ce qui a fait perdre un peu de son charme à la célébration hivernale qui trouvait probablement son origine dans les Saturnales qui se déroulaient fin décembre et les Lupercales qui avaient lieu en janvier. Vous pourrez leur dire s'ils vous demandent pourquoi ils se costument ainsi que c'est pour se rappeler que pour fuir de la tour où son père l'avait enfermé la sainte a dû s'enduire son visage de suie ou si vous plus préférez plus folklorique dite leur que c'est parce qu'elle avait demandé, sur une suggestion de ses amies, à tous les jeunes de son village de se déguiser afin que lorsqu'elle fuirait elle puisse passer inaperçu. Toutefois, épargnez-leur la version la plus violente selon laquelle le port du masque serait un symbole des légionnaires romains qui auraient trainé Barbara vers le lieu de son martyre. Il ait toujours mieux de célébrer une fuite réussi qu'un martyre. Toutefois, si vous avez peur d'effrayer vos voisins qui auront peur du retour d'Halloween vous pourrez toujours vous limitez à la tunique, ça fera un petit côté chorale de Noël catholique du plus bel effet. Qui rappellera plutôt la célébration du Dia dos Reis au Portugal, qui a probablement les mêmes origines que celle de la veillée libanaise de la Sainte Barbe.

    Un sympathique petit guide de la Sainte Barbe !Ensuite, laissez-les frapper partir de préférence en groupe faire le tour du quartier que vous aurez bien entendu prévenu au préalable en entonnant au chant dédiée à Sainte Barbara, « Hechlé Barbara ». Les paroles, que vous leur aurez au préalables traduites, sont les suivantes : « Hechlé berbara wil ame7 bil mghara », ce qui donnent en français, « Barbara s'est enfuit et le blé est dans la grotte... » Je me doute que les enfants et les jeunes ne se gêneront pas de vous demandez l'origine des paroles de la chanson, mais pour la référence au blé, il faudra patienter. Nos chers petits iront ainsi frapper aux portes des voisins qui les remercieront de leurs visites avec des friandises et de l'argent si bien sur ils ont été préalablement prévenus. Ceux-ci, s'ils se sont bien organisés (vous-mêmes également) pourront même offrir à ceux qui cognent à la porte un des plats traditionnels de la fête, la sliqua ou sleeha, qu'il aura fallu préalablement préparer. C'est une bouilli sucré fait de graines de blé parfumé à l'anis, garni d'une multitude de graines, tel que l'amande, la pistache, le pignon... et aussi des grenades. Un vrai délice ! De quoi espérez que vous n'ayez pas été le seul à jouer le jeu, ce qui serait dommage. Et, si vos enfants et amis vous demandent pourquoi dites-leur simplement que lorsque Barbara s'est enfuit de sa tour elle s'est nourrie de blé dans le champ où elle avait trouvé refuge. Mais ne développez pas outre mesure si non vous leur gâcherez une partie de l'histoire de cette fuite que vous leur développerez le lendemain.

     

    Si l'envie vous chante, mesdames et mesdemoiselles, vous pouvez toujours reprendre une tradition aujourd'hui disparu du Moyen-Orient. Tout comme le faisait auparavant, les femmes libanaises vous pourrez en cette nuit allumer une bougie et vous ferez passer une assiette au-dessus de sa flamme, afin d'y former de la suie. Avec celle-ci, vous pourrez vous farder les yeux  en souvenir de la Grande Martyre, le surnom que l'on a donné à la sainte.

    Dès le matin du 4 décembre, il vous faudra également être à pied d'œuvre. Toujours, en suivant la coutume libanaise, vous sèmerez des graines de blés dans des soucoupes pleines de coton humide que l'on place près du sapin. Ou sinon vous pouvez toujours faire participer vos enfants et vos amis à qui vous pourriez donner le goût de l'artisanat, donc du fait main. Trois semaines plus tard, si ces graines auront bien germé, elles orneront la crèche ; et augureront ainsi une bonne année à venir – si elles sont frêles et jaunies, elles présageront une mauvaise année. Un sympathique petit guide de la Sainte Barbe !Si vos enfants et vos amis vous en demande la raison dites-leur simplement que dans une des versions du récit de la vie de Sainte Barbara, celle-ci, voulant échapper à ses persécuteurs, se serait réfugiée dans un champ de blé dont les épis ont tout d'un coup miraculeusement grandi pour la couvrir et ainsi la rendre invisible à ses poursuivants. De quoi les faire un pu rêver. Les hagiographies ne font jamais dans la demi-mesure !

    Une coutume qui rappelle étrangement celle du blé de Sainte Barbe en Provence, Languedoc et Occitanie. Celle-ci pourra vous tentez ainsi que vos petites mains. Vous mettrez comme au Liban des graines de blé dans trois petites coupelles ou « sietoun », qui représentent la Trinité (Dieu le Père, Jésus Christ le Fils et le Saint Esprit), qui elles aussi sont remplies de coton humide. Puis lors du réveillon, vous les disposerez sur la table de Noël, sur la nappe blanche, entourées d'un ruban le plus souvent rouge, puis dans la crèche au milieu des santons pour y symboliser les champs après le repas de midi le jour de Noël où elles resteront jusqu'à l'Épiphanie. Vous pourrez dire à vos enfants que cette coutume était déjà attestée dans ces régions au XIXe siècle et était probablement antérieure, car on connaissait une coutume, héritée de la Provence romaine, consistant à faire germer le blé en décembre pour marquer le renouvellement de la nature dans la phase du solstice d'hiver. Un sympathique petit guide de la Sainte Barbe !Il est également probable que cette coutume était connue au Liban, l'ancienne Phénicie, qui était aussi une province romaine, et qu'elle serait arrivée en Provence au IXe siècle, au moment où son culte semble bien attesté en Occident, probablement diffusé par les papes, dont certains originaires d'Orient, étaient de fervents adorateurs de la sainte. Et ils auraient donc repris aisément la coutume du blé de Sainte Barbe commune à la leur. Cependant, le blé sur la table de Noël et la crèche devra être dru et droit afin de symboliser le souhait d'une année prospère. Vous pourrez dire à cette occasion : « Quand lou blad vèn bèn, tout vèn bèn ! » (« Quand le blé va bien, tout va bien ! », autrement dit : « Blé bien germé c'est la prospérité pour toute l'année ») Après l'Épiphanie ou la Chandeleur si vous voulez augmenter vos chances, il vous faudra diviser les plants et les planter aux quatre coins du jardin dans le même ordre d'idée.

    Vous pouvez choisir si vous préférez les arbres une autre tradition qui a essaimé de la vallée du Rhin (Alsace incluse) jusqu'à la mer Noire en passant par l'Allemagne du Sud, dans l'ancienne monarchie austro-hongroise et les principautés danubiennes, ces régions étant originellement sous la domination du Saint Empire Romain Germanique, qui, à partir du Xe siècle, diffusa le Christianisme et le culte de Barbara dans l'Est de l'Europe. Un sympathique petit guide de la Sainte Barbe !Ainsi, vous couperez des branches d'arbres fruitiers (en particulier le cerisier et le pommier) ou d'un forsythia que vous placerez dans un vase rempli d'eau. À partir de là, il vous faudra quotidiennement couper un petit bout du pied de la tige et renouveler l'eau. Si on observe bien ces recommandations, les branches fleuriront vers Noël et une belle floraison est signe d'abondance. Vous devinez que l'origine est la même que pour le blé de Sainte Barbe. Comme les Allemandes, mesdemoiselles, vous pourrez analyser la floraison des branches, surtout si c'est des cerisiers, et que vous êtes en couple : c'est signe d'un mariage prochain. Coutume que l'on rencontre aussi à la Saint Nicolas mais pour les hommes.

    Vous pourrez rappeler à vos enfants et amis à l'occasion qu'il n'y a rien ici d'anormal, car les fêtes de l'Avent réunissent beaucoup de ces petits rituels qui pourront être qualifiés de superstitieux par certains de vos proches. C'est pourquoi vous pourrez faire profiter à votre famille de ce proverbe libanais, exprimant l'idée que les journées deviennent un peu plus courtes, d'usage pour la Sainte Barbe : « Bi eid el Berbara, byekhoud elnhar mnel leyl nattit fara », (« A la Sainte Barbe, le jour prend à la nuit le saut d'une souris »), qui a son pendant français sous la forme d'un dicton météorologique : « A la Sainte Barbe, soleil peu arde ». Cela n'en rend que plus éclatante cette fête qui nous prépare aux journées plus longue qui démarreront fin décembre, et dont, depuis le IVe siècle, le symbole est la célébration le 25 décembre de la Nativité, qui voit naître Jésus, « Lumière du Monde ». Ce qui en fait un moment dès plus approprié pour faire des rituels de prédictions de prospérité avec le retour du Soleil et aussi un avant goût de Noël.

     

    Que ce soit au Liban ou en France, il n'y a pas ce matin là de messe spécifiquement consacré à la sainte. Donc vous ne serez nullement dérangé. Mais, il faut dire que depuis le motu proprio de 1969 du pape Paul VI notre martyre n'a plus une fête consacré du fait des doutes sur son existence dû aux événements fabuleux de son hagiographie et qu'elle n'apparaît pas dans les plus anciens martyrologues romains datant du Ve siècle. Tout au plus, pourrez vous dire à vos amis s'ils vous posent la question, qu'on avait édifié un monastère à son nom à Édesse, en Osrhoène, aussi au Ve siècle, probablement le vrai lieu de son martyre, les monastères s'élevant souvent à cette époque sur les reliques d'un martyr. Celui-ci était probablement celui d'une sainte locale anonyme, probablement vierge, d'origine perse – son martyre aurait ainsi pu également signifié que l'on s'attaquait à une « ennemie de l'empire », celui-ci étant en guerre contre les Perses sassanides –, peut-être d'une famille de chrétiens réfugiés suite aux persécutions de l'empereur sassanide, Vahram II (276-293), martyrisé pendant le troisième édit de persécution de Dioclétien (obligation de sacrifier aux dieux de la cité romaine, sinon exécution sur le bûcher ou travail dans les mines aux récalcitrants comme Barbara), mené par Galère en Orient de 304 à 311, puis par Maximin Daia de 311 à 313, qui serait l'empereur Maximien, cité par Jean Damascène. Les chrétiens qui ne connaissaient pas son nom auraient demandé soit au préfet de la ville d'Édesse ou au gouverneur d'Osrhoène le corps de la « jeune Barbare », car ce n'était pas une citoyenne romaine, pour pouvoir l'enterrer. Un sympathique petit guide de la Sainte Barbe !C'est pourquoi on la connaît aujourd'hui sous ce nom qui lui a d'ailleurs assuré son succès.

    Cela ne doit pas vous empêchez de bien vous sustentez. Le Liban, pourra vous aidez en la matière. Préparez les plats traditionnels basés sur le miracle du blé. Là, je doute que vos enfants posent des questions trop occupés à déguster les plats que vous leur préparerez. Notamment la Amhiyé, le met rituel principal la veille de la Sainte Barbe, fait de blé cuit, orné d'amandes, de raisins secs, de pistaches, de pignons, de grenade, de sucre et de poudre de noix de coco. Auquel s'ajoute les Atayef, des petites crêpes épaisses fourrées à l'Achta (crème de lait) ou aux noix concassées avec du sucre, le tout trempé dans du Ater (sirop sucré). Ces petits desserts orientaux symbolisent la nourriture amère et horrible que l'on offrait à la Sainte lors de son supplice, et qui se métamorphosait miraculeusement dans sa bouche en mets sucrés. Là, n'hésitez pas à le raconter à vos amis, ça pourra les faire rire et en même temps les aider à vous remercier de mettre, comme Barbara, un peu de douceur dans leur vie. Et, si vous avez été prudent, il vous restera de la sliqua ou sleeha, que vous dégusterez avec plaisir en famille ou que vous offrirez avec plaisir aux enfants et aux amis.

    Vous pouvez aussi préférer un dessert plus simple que l'on fait en Allemagne ce 4 décembre, et qui est très prisé dans les pays anglo-saxons, le Barbarakuchen, ou gâteau de Sainte Barbe, un cake parfumé au zest de citron. Un sympathique petit guide de la Sainte Barbe !Et si vous aimez un plus consistant, vous pourrez proposer à vos amis et à votre famille, le Schweinelendchen Barbara, Filet de porc de Barbara. C'est un filet de porc bien dorée à la crème accompagné de pommes, coupés en deux et en cœur, d'une sauce, composé de vin, où on aura laissé nager les pommes avant de les mettre sur le filet, de fécule de maïs, de raifort et de sucre. Et si vous ne le trouvez pas assez assaisonné ajouter du sel et du poivre. Si vos amis et les membres de votre famille voulez faire un régime, il n'aurait pas dû venir chez vous. Rappelez-leur tout de même que l'on célèbre le souvenir du martyre d'une pauvre vierge – d'autant que contrairement au récit hagiographique où elle est décapitée par son propre père, elle est peut-être morte brûlé. Faites ainsi valoir l'aspect comique et ironique qu'à le filet de porc bien doré. Pour vos enfants, pas besoin d'en faire autant. Mais, vous pouvez faire plus simple, en expliquant à vos amis qu'à partir du IXe siècle, la Saint Martin (11 novembre) ne commençant plus l'Avent mais la Saint André (30 décembre), il est logique que le porc soit devenu aussi un plat de la Sainte Barbe, car, la Saint Martin, étant un jour gras, on tuait le porc, qu'on mangerait aussi à Noël, et on buvait le vin nouveau. Il est ainsi de coutume d'accompagner le filet de porc d'un verre de vin rouge en Allemagne. N'hésitez pas à faire de même.

    Il faut dire que les festivités seront pas de tout repos surtout en suivant les coutumes de la Sainte Barbe dans notre pays, la France. Sainte Barbe n’est pas uniquement fêtée en Provence mais aussi dans le Nord, où c’est un héritage des traditions minières. En effet, les premières références à Sainte-Barbe pour les mineurs remonteraient au XVIIe siècle dans les mines de cuivre des Vosges, où les mineurs, qui vénéraient jusque là Saint Léonard, le patron des emmurés, se sont tournés vers Sainte Barbe, maîtresse du feu et de la foudre. Un sympathique petit guide de la Sainte Barbe !Sainte Barbe fait son apparition dans le Nord au XIXème siècle avec l'essor du bassin minier, due à l'industrialisation de l'extraction du charbon et l'arrivée massive de mineurs d'origine paysanne, principalement polonais et de religion catholique. Elle est alors invoquée par ces derniers pour les protéger  des explosions et coups de grisou.

    La « sainte du feu », comme on la désigne aussi, devient également la patronne des métiers ayant un rapport avec la chaleur, comme les artificiers, les carriers, les fondeurs, les verriers, les artilleurs, elle est la patronne du Bataillon des canonniers sédentaires de Lille, et bien sûr, les pompiers. Concernant ces derniers, la tradition de la sainte Barbe remonte à la Troisième République. Vers 1870-75, des festivités se répandent dans les corps de pompiers, se généralisant ainsi à toute la France, avec avec au final, le sacro-saint banquet. Cérémonie religieuse, banquet et bal étaient de mise. La dimension festive se retrouve dans le faste des menus gargantuesques. La fête peut être à l’initiative de la municipalité ou bien des pompiers eux-mêmes. « Faire Sainte Barbe » est souvent un moment privilégié pour réaffirmer la cohésion du groupe, rendre hommage aux disparus. Et les bals de pompiers à cette occasion sont toujours une bonne occasion de faire la fête et des rencontres.

    Dans le Nord, Les enfants n'allaient alors pas à l'école et, avant l'article de loi de 1951 qui a instauré la Sainte Barbe comme journée chômée et payée, les « gueules noires » effectuaient, avant celle-ci, deux semaines de surproduction et de travail supplémentaire, avec une période dite de « longues coupes » et des nuits de sommeil de quatre heures, permettant aux mineurs de doubler leur salaire et surtout d'être libre de faire la fête. Banquet, bal, remise de médailles, procession et messe. Un sympathique petit guide de la Sainte Barbe !C'était jour de fête dans les Houillères et une statue de Sainte Barbe était bénie puis descendue dans les galeries pour octroyer sa protection aux ouvriers chaque 4 décembre.

    Les cafés et les estaminets étaient aussi remplis. Dans ces derniers, les gens chantaient, buvaient, dansaient, en fait, s'étourdissaient. Si bien que la nuit était souvent courte. Ce jour-là, les mineurs recevaient aussi des cadeaux. Et, depuis près d'un siècle, et jusque dans les années 1980, les mineurs de fond s'envoyaient aussi des petites cartes représentant un mineur, souvent avec des fleurs, pour se souhaiter mutuellement, le 4 décembre, une bonne et heureuse Sainte-Barbe. Sur ces dernières étaient griffonnés des mots, tels ceux que l'on trouve sur une carte postale des années 1920 exposée au Centre historique minier de Lewarde, en Hauts-de-France : « Chers amis... Bonne et heureuse fête de Sainte-Barbe. Nous pensons bien à vous... »  

    Avec l'arrivée, dans les années 1960 et 1970, d'une main d'œuvre de religion musulmane et l'évolution sociale et politique des ouvriers, les aspects religieux de la fête se sont peu à peu estompés, transformant la Sainte-Barbe et la date du 4 décembre en moment d'unité et, traditionnellement, de revendications syndicales.

    Un sympathique petit guide de la Sainte Barbe !Même si la tradition s'est peu à peu éteinte, certaines villes du Nord de la France, attachées à leur histoire, ont voulu réveiller cette fête. Le feu, le bruit et la lumière, tous ces éléments qui rythmaient la vie de la mine, ont traversé les siècles, pour renaître désormais en festivités organisées. C'est ainsi que, depuis 2018, l'agglomération Lens-Liévin organise les Fêtes de la Saint-Barbe, avec des animations autour des lumières et des feux (feux d'artifices, procession aux flambeaux...). Et si, aujourd'hui, on n'envoie plus de cartes postales, beaucoup d'anciens mineurs ou leurs familles s'enverront un mail ou se téléphoneront. Des défilés, des décorations et surtout, la joie de se retrouver pour un moment convivial, continuent aussi de faire perdurer la tradition chez les pompiers du Nord.

    Intimement liée à l'histoire du grand bassin minier des Hauts-de-France, la Sainte-Barbe est aussi une journée de recueillement en souvenir de tous les hommes morts au fond, sous l'effet des coups de grisou, scellant la fraternité entre les mineurs. Une bonne occasion de découvrir cette fête si vous passez dans la région sinon allez profiter des bals des pompiers dans toute la France.

     

    Si vos enfants et vos amis veulent s'amuser, ou bien le quartier où vous vivez, vous n'avez qu'à faire revivre une tradition  typiquement parisienne qui avait lieu pendant la fête les grandes batailles d'œufs et de farine. Un bon moment de décontraction qui ne passait que dans les lycées et datent probablement du Moyen-Âge, des phénomènes équivalents se déroulant lors des fêtes de saints en particulier à partir des XIIe-XIIIe siècle, pour décontracter les élèves des écoles (écolâtres) des chapitres cathédraux (formation des clercs) et des universités face à une éducation cléricale plus rigide qu'aujourd'hui. Attention, à ne pas abuser lors de cette bataille. C'est en effet la dégradation de matériels plus que la volonté des lycéens qui a fait tomber en désuétude celle-ci.

    Un sympathique petit guide de la Sainte Barbe !Avant que vos petits aillent se coucher faites leur vivre une autre tradition française de cette fête. En effet, dès la Sainte Barbe, faites observer à vos fillettes et garçonnets le coucher du soleil. Un ciel rouge indique que Saint Nicolas est occupé à cuire de bons gâteaux. Il ne leur reste plus alors qu'à bien se comporter jusqu'au jour fatidique. Un bon moyen de les garder sage jusqu'à jeudi ou vendredi si vous êtes originaire de la ville de Guimarães, au nord du Portugal, où le saint est fêté le 7 pas le 6. Vous pourrez dire à vos amis, s'il vous demande la raison de ce petit rituel nocturne du 4 décembre, que la tradition en France remonterait au XVIIe siècle, quand est attesté la fonction de donateur du saint, qui donnera naissance à la figure du Père Noël au XIXe siècle aux États-Unis d'Amérique. Reposez-vous bien dès la nuit du 4 décembre car dans deux jours il va falloir remettre les petits plats dans les grands pour la Saint Nicolas.

    A la suite, j’ai mis une biographie plus complète dans un article consacré à Barbara et j'espère que cet article vous aura donné envie de reprendre ces coutumes qui rendront votre 4 décembre plus festif. Et, en avance, une très bonne et joyeuse Saint Nicolas à toutes et à tous !   

     


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