• Petit guide d'Halloween pour les débutants !!!

    Petit guide d'Halloween pour les débutants !!!


     

    Pour tout apprenti fêtard, il faut apprendre quelques notions. Et l'étymologie du nom de la fête que vous vous apprêtez à célébrer peut être d'une importance cruciale pour en saisir toute la subtilité.

     

    En effet, Halloween n'est pas apparu avant la fin du XIIe siècle, et pas par l'œuvre du Saint Esprit, mais par christianisation progressive de la fête païenne du solstice d'hiver celte,  Samain. D'ailleurs, le nom de la fête chrétienne de Toussaint dans les sources irlandaises les plus anciennes, entre le VIIIe et le XIIe siècle, était Samain, qui fut célébré également en Gaule jusqu'au Moyen-Âge.  Quelques traditions survivantes en Bretagne et en Lorraine en font foi. Puis la fête de Toussaint, à partir du XIIe siècle, prit le nom d'Hallowmas, All Hallows, Hallowtide (Nuit sainte ou de tous les Saints), et se déroulait alors sur trois jours de la célébration actuelle (du 31 octobre au 2 novembre), tel qu'actuellement.

    Petit guide d'Halloween pour les débutants !!!Le premier était donc en fait l'Hallows'Even, contracté en « La veille pour la nuit sainte qui précède », qui était la célébration de Tous les Saints, le 1er novembre, ce qui s'est contracté avec le temps en Halloween. En Écosse et en Irlande, une forme gaélique très proche de Samain, Oidhche Shamhna (la nuit de la fin de l'été), perdura. Ce petit passage vous permettra de briller en société ou devant vos enfants en cette veille de Toussaint afin de mieux préparer vos festivités que je m'en vais rendre moins commerciale et plus populaire.

     

     

    Après, ce petit exercice de vocabulaire. Passons donc aux festivités.

     

    D'abord, penser à décorer votre maison mais de la forme traditionnelle. Un bon Halloween est celui qui respecte les traditions. Choisissez des symboles de l'automne, des valeurs sures, et recommandé par les deux poètes écossais qui ont été les deux premiers à nous donné des informations complète sur Halloween, John Mayne, en 1780, et Robert Burns, en 1785 : les citrouilles, les feuilles de maïs, les épouvantails (Scarecrow). N'hésitez pas non plus à sculpter des visages dans des grands navets, pratique attesté en Écosse au XVIe siècle. Comme les écossais, il ne faut pas oublier de rendre hommage à ses morts et aider les âmes de nos proches au Purgatoire. Un avant goût de la fête des défunts, qui tombe le 2 novembre. Vous pouvez aussi, comme on le fait en Lorraine, dans le Pays de Nied, sculpter avec vos enfants - il faut tout de même ne pas être le seul à la peine - des têtes grimaçantes dans des betteraves, légumes dont la récolte marque la fin des travaux des champs,  que vous éclairerez à la lumière d'une bougie, et que vous déposerez sur les rebords de fenêtres pour effrayer les passants. Ce qui est bien plus amusant et vous permet de faire des essais d'éclairage naturel avant Noël.

     

    Le parcours du combattant commence surtout avec la tournée des bonbons. Opter pour les valeurs sures. Mais l'Écosse peut vous servir de point de repère. Pour le déguisement, Robert Burns, dans son poème Halloween, nous apprend qu'en 1785, les enfants se costumaient en sorcière - probablement associée à la fête dès la première vague de poursuite par le tribunal de l'Inquisition contre ces dernières entre 1480 et 1520 -,  en fantôme (bogy), en créatures du folklore celte, les aos sí ou aes sídhe (Leprechaun, Fée, etc.), très différents de ceux des contes, ainsi qu'en démons. Ou opter pour la formule irlandaise certes moins diverses mais moins agressives pour le porte monnaie : un maquillage en noir et blanc avec le port de vieux habits ou draps et de chapeaux de sorcières. Au moins, vos enfants sortiront du lot par rapport à ceux qui sans imagination reprennent les classiques des films gothiques d'Universal et de la Hammer (vampires, loups-garous, créature de Frankenstein, etc.) ou de Zombies.

     

    Confectionnez-leur aussi des lanternes afin de les protéger du Noir mais aussi des aos sí, qui vivent dans le royaume des Morts Celte (Sidh) et les monticules, et les mauvais esprits, venus tout droit de l'Enfer, si leurs déguisements ne les a pas trompés.  Soit le Neepy Candle écossais, un visage diabolique gravé dans un rutabaga (neepen en anglais) évidé, éclairé de l'intérieur, pour effrayer les mauvaises fées, soit le Jack-O'-Lantern anglais et irlandais, des betteraves, des pommes de terre et des navets, évidé mais pour faire des lanternes. Le terme vient du nom « Jack à la lanterne », en fait un veilleur de nuit ou un homme qui portait une lanterne qui apparut pour la première fois dans un livre, en 1750, et qui deviendra en Irlande un personnage de conte pour expliquer la fabrication de ces lanternes. Mais rien ne vous oblige à ne pas préférer le Jack O'Lantern, en forme de citrouille, attesté aux Etats-Unis dès 1837. Il faut savoir que la variété particulière orange du cucurbitacée appelée Jack O'Lantern n'y est attestée que depuis le début du XXe siècle, probablement parce qu'elle a la forme d'un visage et est très facile à creuser. Ce sera probablement plus évident pour vous que de creuser des lampes et des visages dans des rutabagas, des betteraves, des pommes de terre et des navets moins maniables et impressionnera pour vous parents vos enfants s'ils sont jeunes.

     

    Apprenez-leur aussi les mots magiques pour venir quémander des bonbons qui à l'origine était des petits gâteaux, appelés soul cakes (« les gâteaux de l'esprit »), remplis de piment, muscade, cannelle, ou d'autres épices douces, de raisins secs ou de raisins de Corinthe, offert aux pauvres contre lesquels ils s'engageaient à prier à All Souls Day, la fête des défunts (2 novembre), pour que les âmes (soul en anglais) des morts de la famille des gens qui les avaient offerts puissent aller au ciel. Cette pratique, le souling est attesté dès le XIIe siècle dans les îles britanniques, et est rapporté notamment par William Shakespeare dans sa pièce, Les Deux Gentilhommes de Vérone (1593). Rien ne vous empêche d'en préparer pour les enfants qui passeront, ça leur changera des sucreries artificielles qu'on leur offre à cette occasion. Et en empêchera le roi du bonbon Haribo de faire de nouvelles victimes.

     

    Un choix simple s'offre à vous. Soit vous leur apprenez la mendicité forcée avec le récent Trick or Treat, qui signifie « tu paies ou tu as un sort », attesté aux États-Unis seulement en 1934. La malédiction a toujours fait peur aux récalcitrants. Soit vous leur apprenez à utiliser les techniques de chanteur ou de comique du métro bien moins agressive. Alors l'Irlande est faite pour vous. On atteste qu'en 1900, on interpréter au gens devant la porte ce très beau chant, que vous n'aurez qu'à adapté à une sonorité plus moderne et moins financière, façon Poetic Lover  pour ensorceler le public devant vous : « Halloween arrive bientôt et les oies engraissent. S'il vous plait mettez un penny dans le chapeau du vieil homme. si vous n'avez même pas un penny, la moitié d'un fera l'affaire. Si vous n'avez même pas un penny, que Dieu vous bénisse et votre père aussi. » Le succès sera garanti et pourra faire naître quelques vocations. Et si vos enfants préfère les blagues, la méthode anglaise peut aussi vous aidez à base de « Joyeuse Joyeuse Faites », « Merry Merry Making » en anglais. Il ne faut pas enrayer une future carrière de comique en herbe. Surtout si le public joue le jeu. Et laissez-les faire tranquillement leur tournée sous votre surveillance car n'oubliez pas que les aos sí et les esprits mauvais sont prêts à vous faire peur.

     

    Pendant ce temps, profitez-en aussi, n'oubliez pas qu'Halloween maintint la coutume celtique de la oídche na h-aimléise, la nuit des bêtises, où au cours de la nuit d'Halloween, les gens se déguisaient et faisaient des farces à leurs voisins : profitez-en par exemple, pour enlever le linge qui sèche, changer les numéros de portes, cogner sur les portes et se sauver pour se faire passer pour un esprit. Sinon, soyez plus méchant et imiter les bretons, qui dans le Finistère, entre le XVe siècle et la moitié du XXe siècle, creuser des betteraves, et y pratiquer des trous en forme d'yeux, de nez et de bouche, pour y introduire un bout de bougie et refermer le tout, dans le but évident de les poser la nuit sur un talus ou dissimulé dans les broussailles d'un terrain creux pour effrayer les gens. On peut appliquer la même initiative avec les têtes grimaçantes lorraines sur les rebords de fenêtres, des puits, les murs des cimetières ou aux croisements des chemins. Rien de mieux qu'une petite frayeur à la française. Mais attention aux relations de voisinage le lendemain.

     

     

    Bien entendu vos enfants rentreront fatiguer et c'est à vous de le remettre en santé. En Angleterre, où Halloween était autrefois appelé « la nuit du casse-noisettes » ou la « nuit de la pomme croquante » (« Snap Apple Night »), ainsi qu'en Écosse et en Irlande, les familles réunies autour du feu racontaient des histoires, et en particulier sur les ancêtres dans les deux derniers. Vous pourrez à plaisir les remplacer par des histoires d'horreur, voire par des films d'horreur, mais  pour les derniers ce sera plus entre adultes et seulement si vous êtes célibataires et entre amis.

     

     

    En Angleterre, il faut également manger. Privilégier, comme les Anglais des noisettes et des pommes de saison. Sinon, comme en Irlande, soyez inventifs. Pourquoi ne pas lire l'avenir en mangeant, un héritage celtique. Pour cela compter sur le Barmbrack (Bairin Breac en gaélique), un gâteau de fruits légers, où l'on place des objets comme des pièces de monnaie, bagues ou dés à coudre et autres charmes avant la cuisson. Selon la légende, l'année suivante, celui qui trouve la pièce deviendra riche, celui qui trouve la bague se mariera bientôt et celui qui a obtenu le ne se mariera jamais. Si vous ne voulez pas qu'une personne soit triste, préférer plutôt amuser vos enfants ludiquement avec la nourriture.

    Toujours en Irlande, un jeu d'enfants populaire durant cette soirée est celui où une pomme doit être attrapée dans un bac d'eau en utilisant seulement sa bouche. Un autre jeu consiste à essayer de manger, en ayant les yeux bandés, un pain enrobé de mélasse pendant au plafond par une ficelle. Reprenez-les à votre guise et amusez-vous bien en famille.

     

    Ensuite, couchez-vous bien, car deux jours vous attendent de front, la Toussaint et la fête des défunts, et qui vous demanderons autant d'effort et de patience qu'en cette soirée. Alors ne forcer pas trop.

     

     

     


  • Commentaires

    1
    Mardi 31 Octobre 2023 à 21:00

    freyr1978,

     

    On voit que de nombreuses traditions se sont agglomérées à la veillée de la Toussaint chrétienne, qu'elles soient celtiques et locales, dans les Îles britanniques et ailleurs, cela demande du travail pour bien trouver sa technique pour bien fêter Halloween entre chercher des bonbons, chanter, ou faire chanter avec un sort, les blagues, décorer, bien manger et choisir entre betterave et citrouille pour Jack O'Lantern. C'est pas de tout repos et la fête a connue une lente évolution entre le Moyen-Âge et les années 1950 qui donne aujourd'hui le résultat qu'on connaît, une fête pour les enfants pour remplacer celle des grands enfants vandales des années 1930.

    Bonne Halloween à toi !

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